Le site internet d’information scientifique « Nature » a publié un article intitulé « pas de liens entre psychédéliques et psychose« . Que faut-il en penser?

CONTEXTE

Les chercheurs Pål-Ørjan Johansen et Teri Suzanne Krebs ont montré à partir d’un échantillon de 135 095 adultes, que la consommation de psychédéliques (LSD, champignons hallucinogènes, …) à un moment de la vie, n’avait pas d’impact sur la santé mentale lors de la dernière année de vie écoulée avant l’étude. Ils ont même trouvé un impact légèrement positif sur des indicateurs de dépression et d’anxiété. Cette info a été largement relayée sur le web. Mais cette étude nous rappelle qu’il faut pouvoir rester critique et prudent.

LIMITES DE L’ÉTUDE

Plusieurs limites sont à prendre en compte:

* Comme le font remarquer les auteurs : « nous ne pouvons pas exclure la possibilité que le recours à des psychédéliques puisse avoir un effet négatif sur la santé mentale de certains groupes de personnes, ce qui pourrait avoir été masqué (dans l’étude) par l’impact positif qu’ils peuvent avoir sur la santé mentale de la population générale.»p 7. Typiquement, les personnes à risque de psychose pourraient être concernées. Charles Grob, psychiatre à l’Université de Californie, s’est dit très étonné des résultats de l’étude citée plus haut. Il fait remarquer qu’il a notamment vu beaucoup de personnes développant ce qui est appelé le « trouble de la perception hallucinatoire permanent » après une consommation de LSD. Dans ce trouble, les formes, les couleurs et autres composantes du champ visuel sont modifiées. Il est également reconnu que la consommation de champignons psychédéliques peut amener certaines personnes à risque peuvent développer une psychose suite à une consommation.

*On peut s’étonner que le journal d’information scientifique « Nature » titre son article sur l’étude : « pas de liens trouvés entre la psychose et les psychédéliques ». En effet, les indicateurs ont avant tout permis de mesurer les troubles anxieux, les troubles dépressifs et les pensées suicidaires. Ils ont également permis de mesurer la détresse psychologique générale à partir de l’échelle K6. Par contre, la psychose n’est pas mesurée spécifiquement.

* La kétamine, la PCP, la MDMA ou encore certains champignons psychédéliques n’étaient pas inclus dans l’étude.

* Enfin, les chercheurs ont seulement mesuré de façon binaire (1) « une consommation lors de la vie » versus (2) « pas de consommation lors de la vie ». On ne peut exclure que les doses impliquées et la fréquence de consommation aient un impact significatif.

SOURCES

Pål-Ørjan Johansen et Teri Suzanne Krebs, (2015), Psychedelics not linked to mental health problems or suicidal behavior: A population study, Journal of Psychopharmacology , 29(3), p270-279. journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0269881114568039#articleCitationDownloadContainer

L’article de Nature, https://nature.com/news/no-link-found-between-psychedelics-and-psychosis-1.16968#/ref-link-1, page consultée le 12/08/2017. 

Certains aspects négatifs du LSD, https://drugs.com/illicit/lsd.html, page consultée le 12/08/17.

Champignons hallucinogènes, thegooddrugsguide.com/mushrooms/effects.htm, page consultée le 12/08/17.

 

 

 

Pierre Orban

Psychologue Clinicien – Formateur FCPS