Cet article présente les différentes aides en santé mentale en Belgique en période de confinement.

Introduction

Le confinement peut entraîner la précipitation de troubles psychologiques, augmenter le mal-être et diminuer l’accès à l’aide aux personnes qui en avaient déjà besoin en temps « ordinaire ». Cet article aborde donc les différentes aides disponibles en temps de confinement.

 

Symptômes psychologiques et confinement

A partir d’une revue de la littérature récente, Brooks et ses collaborateurs (1) ont montré que la quarantaine était associée à des effets psychologiques négatifs parmi lesquels des symptômes de stress post-traumatique, de la confusion et de la colère. On sait aussi que le manque de support social en période de stress peut favoriser la dépression chez les personnes déjà à risque. (2)

Par ailleurs, une série de personnes avaient déjà des symptômes d’ordre psychologique avant le confinement. Certaines études vont jusqu’à indiquer que 15 pourcents de la population belge de plus de quinze ans présente en temps « ordinaire » des symptômes qui peuvent faire penser à la dépression (3).

 

Le modèle de soins par paliers

Le modèle de soins par paliers est un modèle anglo-saxon qui consiste initialement à pouvoir proposer au public des interventions adaptées en fonction de l’intensité et de la nature des symptômes psychologiques. Concrètement, cela consistait à proposer des interventions minimales pour des troubles plus « légers », avant de passer à des interventions plus « lourdes », pour des troubles plus sévères (4,5). Ce modèle nous semble particulièrement pertinent dans le contexte de la prise en charge en santé mentale en période de confinement.

  • Solitude, anxiété, colère face au confinement

*Un numéro a été mis en place par le centre de crise. Le 0800/14689  vous permet de parler avec des bénévoles de la Croix-Rouge qui pourront accompagner ceux et celles pour qui le confinement est une épreuve psychologique.

*Pour les personnes qui souffrent de solitude, il existe également le numéro d’écoute « 107 » qui est également assuré par des bénévoles formés à l’écoute. Les enfants peuvent appeler le numéro « 103 » de leur côté. Il existe également le tchat « SOS Amitié » issu d’un partenariat entre SOS Amitié et Télé-Accueil.

*Les période de confinement peuvent amplifier la violence conjugale. Vous pouvez trouver une aide professionnelle au 0800 30 030. (6)   Il existe des maisons d’accueil anonymes pour les violences sévères. N’attendez pas qu’il soit trop tard.

  • Difficultés psychologiques au quotidien

*Si vous être souvent déprimé ou anxieux pendant la journée, ou si vous avez des difficultés d’alcool qui apparaissent ou resurgissent, vous pouvez en parler à votre médecin pour bénéficier de consultations psychologiques dites de première ligne.
Depuis 2019, sous prescription du médecin, les personnes avec des difficultés dépressives ou anxieuses légères à modérées, ainsi que les personnes avec des difficultés modérées de consommation d’alcool, peuvent bénéficier d’un remboursement important chez les psychologues conventionnés. Le prix de la consultation est de 4 euros si vous êtes BIM (anciennement VIPO) et de 11 euros pour les autres. (7) Les médecins peuvent obtenir la liste des psychologues conventionnés en s’adressant à la plateforme 107 de leur région.

*Les personnes avec des difficultés d’alcool peuvent contacter la plateforme aidealcool.be où des psychologues proposent une aide en ligne. (8) Pour les personnes qui consomment du cannabis et ne peuvent plus s’en procurer, vous pouvez contacter tabacstop au 0800 111 00 ou votre médecin. Pour les sevrages aux drogues plus dures, contactez Infordrogue ou votre médecin.

*Si vous avez besoin d’un psychologue pour une difficulté précise, comme un syndrome du stress post-traumatique, un trouble alimentaire une phobie, un mal-être généralisé (liste non-exhaustive), vous pouvez toujours vous adresser à votre médecin ou contacter un psychologue comme auparavant. La très grande majorité des psychologues spécialisés restent disponibles.

*Si vous êtes déjà en suivi chez un psychologue ou un psychiatre, l’idéal est d’aborder la situation avec lui.

Le suivi chez le psychologue ou le psychiatre sera très probablement proposé par téléphone ou par vidéo-conférence. Il me semble important de rassurer sur le fait que ce n’est pas nouveau dans les pratiques en psychologie avec des bons résultats et un degré élevé de satisfaction du patient (9, 10, 11, 12).

Les psychologues peuvent actuellement continuer à voir physiquement leurs patients aux conditions suivantes (13) :

-Cela concerne un client/patient pour qui une téléconsultation par téléphone ou en ligne n’est pas envisageable ;

-Cela concerne un client/patient pour qui l’accompagnement ne peut être interrompu sans risque de décompensation, qui nécessiterait une aide d’urgence. Cette aide d’urgence (équipes mobiles, services d’urgence, médecins généralistes…) est déjà surchargée actuellement et nous devons tout faire pour éviter une surcharge plus importante.

-Cela concerne un accompagnement pour lequel les mesures d’hygiène adaptées sont rencontrées (le patient/client n’est pas malade, les mains sont lavées, la distance sociale est respectée, les lieux sont adaptés, etc.)

  • Si vous êtes suivi par un psychiatre pour un trouble sévère, restez en contact avec lui.
  • Si vous avez des idées suicidaires, parlez-en ouvertement à votre médecin ou votre psychologue. Vous pouvez aussi contacter le Centre de Prévention du Suicide au  0800 32 123 .

 

Pour les soignants exposés au coronavirus

Il existe une plateforme tenue par des psychologues bénévoles pour vous aider.

 

D’une façon générale

Restons en contact avec nos amis et nos proches, que ce soit par téléphone ou par vidéo-conférence. Soyons attentifs à ceux qui nous entourent, prenons soin les uns des autres.

SOURCES

1. Brooks, S. K., Webster, R. K., Smith, L. E., Woodland, L., Wessely, S., Greenberg, N., & Rubin, G. J. (2020). The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence. The Lancet395(10227), 912–920. doi: 10.1016/s0140-6736(20)30460-8

2.Mayoral, L., Chancellor-Freeland, C., & Hosoda, M. (n.d.). Stress, Depression, Social Support, and Sleep. PsycEXTRA Dataset. doi:10.1037/e650592007-001

3. https://www.ssmg.be/sm3/ , consulté en ligne le 22/03/20

4. Bennett-Levy, J., Richards, D. A., & Farrand, P. (2010). Low intensity CBT interventions: A revolution in mental health care. Oxford guide to low intensity CBT interventions. Oxford University Press, pp. 3-18. En ligne. Http://search.proquest.com/docview/853490916?accountid=12156. Page consultée le 28 octobre 2016.

5.Bower, P. et Gilbody, S. (2005). Stepped care in psychological therapies: access, effectiveness and efficiency. Narrative literature review. The British Journal of Psychiatry, 186 (1), pp.11-17. En ligne. DOI: 10.1192/bjp.186.1.11. URL : http://bjp.rcpsych.org/content/186/1/11.2. Page consultée le 28 octobre 2016.

6. https://www.ecouteviolencesconjugales.be/, consulté en ligne le 22/03/20

7. https://www.lepsychologue.be/download/2018-12-30-uppcf-remboursement-prestations-psychologiques-ppl.pdf, consulté en ligne le 22/03/20

8.https://aide-alcool.be/, consulté en ligne le 22/03/20

9. Barak, A., Hen, L., Meyran, B. and Na’ama, S. (2008). “A Comprehensive Review and a Meta-Analysis of the Effectiveness of Internet-Based Psychotherapeutic Interventions.” Journal of Technology in Human Services, Vol. 26 (2/4), 109 – 160

10. Dongier, M.; Templer, R., Lalinec-Michaud, M., Meuneir, D. “Telepsychiatry: Psychiatric consultation through two-way television: A controlled study.”. Canadian Journal of Psychiatry 31: 32-34

11.Frueh BC, Deitsch SE, Santos AB, et al. (2000) Procedural and methodological issues in telepsychiatry research and program development. Psychiatric Services, 51:1522–1527.

12.Murphy, L. M., Parnass, P., Hallett, R. H., & Mitchell, D. L. (in press). Client satisfaction and outcome comparisons of online and
in-person counselling methods. British Journal of Social Work.

13. Mail du 18 mars de la Commission des Psychologues,  https://mailchi.mp/eecc81d34657/newsletter-fevrier2020-3964942?e=95a41670d5

 

Pierre Orban

Psychologue Clinicien – Formateur FCPS