Comment mesurer l’efficacité d’une psychothérapie?
En médecine comme en psychologie, un traitement est « l’ensemble des méthodes employées pour lutter contre une maladie et tenter de la guérir. » (Larousse, 2016). Il est
maintenant possible en psychologie, de constituer et de recourir à des techniques dont l’efficacité et la fiabilité sont prouvées par des études cliniques rigoureuses et systématiques.
Pour pouvoir montrer que ce sont les composantes spécifiques au traitement qui sont efficaces, les études cliniques vont devoir recourir à un groupe contrôle ou groupe de comparaison. Par exemple, dans une étude mesurant l’efficacité de la thérapie du retraitement cognitif sur le PTSD, le groupe contrôle participait à des groupes de support permettant d’aborder les difficultés actuelles rencontrées en lien avec le PTSD (2).
Sans entrer dans les détails méthodologiques, signalons simplement qu’il faudra au minimum et pour les deux groupes, prendre des mesures des symptômes au début du traitement et en fin de traitement. Souvent, d’autres mesures sont prises pour pouvoir apporter des précisions sur ce qui peut expliquer l’efficacité du traitement.
Risques d’erreur et taille d’effet
Les données récoltées sont ensuite analysées statistiquement. Dans de nombreuses études de psychologie, on indique la probabilité de se tromper en affirmant que le traitement est efficace si on émet l’hypothèse qu’il n’y a en réalité pas de différence avec le groupe contrôle. Le seuil est souvent fixé arbitrairement à 5 % de risque d’erreur.
Le problème est que ce calcul n’indique pas si le traitement a un effet clinique fort ou non. Par exemple, un traitement peut avoir un effet clinique très faible mais comme il y a un très grand nombre de participants, on observera un risque d’erreur inférieur à cinq pourcents. A contrario, si le traitement est très efficace mais qu’il y a peu de participants, on peut ne pas obtenir un risque d’erreur inférieur à cinq pourcents.
On va donc également se référer à la taille d’effet qui mesure la taille de la différence entre le groupe de traitement et le groupe contrôle. (3)
La taille d’effet la plus courante en psychologie empirique est le d de Cohen. On interprète généralement le d de Cohen comme suit : petit entre 0.2 et 0.5, moyen entre 0.5 et 0.8, large entre 0.8 et 1.30 , et très large à partir de 1.30. Cependant, il est communément admis que tout dépend du traitement dont on parle. (4)
Kristoffer Magnusson a développé un outil permettant de visualiser les tailles d’effets et de comprendre leur implication (5)
Les tailles d’effet permettent ensuite de comparer l’efficacité des traitements entre eux. C’est par exemple, ce qui a été fait pour comparer l’efficacité des traitements pour le syndrome du stress post-traumatique.
Les méta-analyses
Pour que l’efficacité du traitement puisse être considérée comme valide, il faudra que les participants soient représentatifs de la population. Pour cela, il est nécessaire d’avoir un grand nombre de participants. Dans certains cas, les chercheurs pourront accéder à de très grands échantillons. C’est par exemple ce qui a permi de montrer avec un haut niveau de certitude, le lien entre les antibiotiques, et les troubles anxio-dépressifs. Cependant, il arrive souvent que les échantillons à dispoition soient beaucoup plus petits. Pour contourner ce problème, il est maintenant devenu courant de recourir à des synthèses empiriques d’études appelées méta-analyses.
Les méta-analyses consistent à effectuer des traitements statistiques sur toutes les études de qualité portant sur la question qu’elle traite, ce qui permet de réunir un grand nombre de participants et ainsi d’avoir des résultats plus robustes via le calcul d’une taille d’effet général (6). Elle permet également d’expliquer les variations inter-études en codant leurs paramètres expérimentaux (7).
Les méta-analyses, si elles ne sont pas bien menées, peuvent souffrir de nombreuses faiblesses comme le rappellent Lipsey et Wilson (8). Tout d’abord, si les études sont de mauvaise qualité méthodologique, les résultats seront de moindre qualité. Il convient donc de coder la qualité méthodologique des études et idéalement d’effectuer des analyses sans les études ayant des failles méthodologiques importantes.
Conclusion
La psychologie est maintenant une discipline empirique organisée méthodologiquement. Les mentalités du grand-public et des instances décisionnelles sont comme dans d’autres domaine, en retard avec les évolutions récentes de la discipline. L’évaluation de l’efficacité thérapeutiques à partir de tailles d’effet et de méta-analyse constitue un pas en avant sigificatif pour la discipline.
Pour se former
SOURCES
2.Briere, J., & Scott, C. (2015). Complex Trauma in Adolescents and Adults. Psychiatric Clinics of North America, 38(3), 515-527. doi:10.1016/j.psc.2015.05.004 https://www.researchgate.net/publication/278795758_Complex_Trauma_in_Adolescents_and_Adults
3. Watts, B. V., Schnurr, P. P., Mayo, L., Young-Xu, Y., Weeks, W. B., & Friedman, M. J. (2013). Meta-Analysis of the Efficacy of Treatments for Posttraumatic Stress Disorder. The Journal of Clinical Psychiatry, 74(06). doi:10.4088/jcp.12r08225
4. Thresholds for interpreting effect sizes – PolyU. (n.d.). Retrieved from http://www.polyu.edu.hk/mm/effectsizefaqs/thresholds_for_interpreting_effect_sizes2.html
5. http://rpsychologist.com/d3/cohend/ , Kristoffer Magnusson a développé un outil permettant de visualiser les tailles d’effets et de comprendre leur implication
6. Haagen, J. F., Smid, G. E., Knipscheer, J. W., & Kleber, R. J. (2015). The efficacy of recommended treatments for veterans with PTSD: A metaregression analysis. Clinical Psychology Review, 40, 184-194. doi:10.1016/j.cpr.2015.06.008
7. Fratarolli, J. ( 2006). Experimental disclosure and its moderators: A metaanalysis. Psychological Bulletin,132( 6), 823–865. doi: 10.1037/0033-2909.132.6.823
8.Lipsey, M.W, & Wilson, D.B (2001). Practical meta-analysis. Thousand Oaks: Californie.