L’analyse en réseau pour le syndrome du stress post-traumatique

 L’analyse en réseau est une méthode statistique qui vise à étudier les relations entre les symptômes qui constituent un trouble donné. Les symptômes sont appelés « nœuds » et les associations entre symptômes sont appelées « ponts » dans le modèle. La « centralité » d’un symptôme correspond à son degré d’association avec les autres symptômes, c’est-à-dire le nombre et la force des associations au sein du trouble.

Armour & ses collaborateurs (1) sont les premiers à avoir appliqué cette méthode au syndrome du stress post-traumatique (SSPT) tel que défini dans le DSM-5. Leur analyse sur des vétérans de guerre américains a mis en évidence les résultats suivants :

–            Les 5 nœuds les plus centraux étaient : les émotions négatives reliées au trauma (D4), le détachement (D6), la réactivité physiologique (B5), les flashbacks (B3), la réactivité émotionnelle aux déclencheurs (B4).  

–             Il y avait une forte connexion entre les cauchemars (B2) et les flashbacks (B3);

–             Entre le blâme sur soi ou les autres (D3) et les émotions négatives liées au trauma (D4); 

–             Entre le détachement (D6) et les restrictions d’affects (D7);

–             Entre l’hypervigilance (E3) et les réactions de sursaut exagérées (E4).

 

La modélisation sur les réseaux latents appliquée au SSPT

 Dans un article publié ce mois de juin 2020 dans l’European Journal of Psychotraumatology, Li & ses collègues (2) ont présenté à partir d’analyses factorielles, un modèle du syndrome du stress post-traumatique à 7 catégories symptomatologiques, soit trois de plus que dans l’actuel DSM-5 (3).

La catégorie D concernant la modification des cognitions et de l’humeur a été divisée en deux catégories de symptômes : une première qui correspond essentiellement aux manifestations de cognitions négatives et une seconde qui correspond à l’anhédonie.

Et la catégorie E concernant l’altérations marquées dans l’activation et la réactivité associées à l’événement traumatique a été divisée en trois catégories : les comportements externalisés (colère, automutilations), l’activation anxieuse (réactions de sursaut exagérées, hypervigilance) et l’activation dysphorique (problèmes de concentration, troubles du sommeil). 

Ensuite, les auteurs ont appliqué l’analyse en réseau à ces variables latentes.

Ils ont de cette manière pu mettre en évidence que :

–             Il y avait une forte association positive entre les intrusions et les évitements.

–             Il y avait une forte association positive entre les cognitions négatives et les comportements externalisés.

–             Il y avait une forte association positive entre l’activation anxieuse et l’activation dysphorique.

Une limite de ce modèle est que les réseaux de symptômes varient selon les cultures (4), or, l’échantillon de l’étude de Li & ses collaborateurs est uniquement chinois.

 

Conclusion

Les modèles d’analyse en réseaux constituent une nouvelle façon d’aborder les troubles cliniques psychologiques dans une approche multi-dimensionnelle. Il s’agit d’une piste de recherche d’avenir pour la modélisation, la différenciation et l’approche transdiagnostique des troubles cliniques psychologiques. 

SOURCES

 

1. Armour, C., Fried, E. I., Deserno, M. K., Tsai, J., & Pietrzak, R. H. (2017). A network analysis of DSM-5 posttraumatic stress disorder symptoms and correlates
in U.S. military veterans. Journal of Anxiety Disorders, 45, 49–59.

2. Li, G., Wang, L., Cao, C., Fang, R., Bi, Y., Liu, P., . . . Elhai, J. D. (2020). An exploration of the DSM-5 posttraumatic stress disorder symptom latent variable network. European Journal of Psychotraumatology, 11(1), 1759279. doi:10.1080/20008198.2020.1759279

3. American Psychiatric Association. (2017). Diagnostic and statistical manual of mental disorders: Dsm-5. Arlington, VA.

4. Fried, E. I., Eidhof, M. B., Palic, S., Costantini, G.,
Huisman-van Dijk, H. M., Bockting, C. L. H., … Karstoft, K. I. (2018). Replicability and generalizability
of posttraumatic stress disorder (PTSD) networks: A cross-cultural multisite study of PTSD symptoms in four trauma patient samples. Clinical Psychological
Science, 6(3), 335–351

Pierre Orban

Psychologue Clinicien – Formateur FCPS