Le smartphone est souvent associé au progrès, à l’optimisation et à l’efficacité. Il est moins souvent associé à une moindre concentration et à un moindre bien-être.

UTILISATION RÉPANDUE DU SMARTPHONE

A partir de l’analyse des comportements de 300 000 utilisateurs de smartphone, Alexander Markowetz (1) a constaté que nous recourrions à notre smartphone en moyenne toutes les 18 minutes. Par ailleurs, l’usage du smartphone est maintenant répandu dès l’enfance. En effet, d’après une étude menée par le département de Communication de la Haute Ecole d’Hasselte (2) , 82 pourcents des enfants de 6ème primaire emploient un smartphone. Et résultat interpellant : 34 pourcents des enfants en possession d’un smartphone disaient ne pas savoir s’en passer. Mais quel est l’impact cognitif du smartphone ?

L’IMPACT COGNITIF D’UN USAGE INTEMPESTIF DU SMARTPHONE

Plusieurs études indiquent que la distraction liée au smartphone a un impact sur nos performances à une tâche cognitive (3). Hansjörg Honegger (1) rapporte notamment une expérience conduite par des chercheurs du King’s College de Londres qui ont observé que la consommation de cannabis avait moins d’impact sur les performances au travail que l’interruption liée à des e-mails. Dans une autre expérience, Ward et ses collègues ont montré que la simple présence d’un smartphone non-consulté mais placé à côté de soi diminuait les capacités de concentration. Ce score était corrélé positivement avec la dépendance au smartphone. (4)

IMPACT D’UN USAGE INTEMPESTIF DU SMARTPHONE SUR LE BIEN-ÊTRE

Certaines études montrent que l’usage intempestif du smartphone a un impact sur les expériences de flow défini dans un sens restreint, c’est-à-dire comme un état de concentration tel qu’il permet une absorption complète dans une activité (Lee & al., 2015) (3). C’est du bon sens, évidemment. Ce dont nous sommes souvent moins conscients, c’est que cet état d’absorption a un impact sur notre bien-être, notamment en nous empêchant d’expérimenter des expériences de flow au sens large, tel que définies par Csikszentmihalyi : un état dans lequel les personnes sont si impliquées, que rien d’autre ne semble compter : l’expérience est tellement attractive que les personnes vont continuer à s’y investir,(…). » (5)

Cette diminution de l’absorption liée à la distractibilité du smartphone semble avoir un impact sur le plaisir social, comme on pouvait s’y attendre. Le mois passé, Dwyer et ses collègues ont publié une expérience dans laquelle ils demandaient aux participants dans une situation sociale impliquant leur famille ou leurs amis, de garder leur smartphone sur la table ou de le mettre ailleurs. En moyenne, les participants avec le smartphone sur la table étaient plus distraits et expérimentaient moins de bien-être dans la situation.

RECOMMANDATIONS

*Habituez-vous à fonctionner plusieurs heures par jour sans votre smartphone. S’il s’agit de votre enfant, fixez des plages horaires sans smartphone et montrez l’exemple.

*Si vous devez vous concentrer ou être créatif, ne gardez pas votre smartphone à côté de vous.

*Consultez vos mails et vos diverses applications à des moments précis, alors que vous n’êtes pas occupé à une autre tâche.

*Si vous êtes investi dans une activité plaisante ou intéressante, passez-vous de votre smartphone.

*Pour mieux profiter des moments avec ceux qui vous entourent, passez-vous de votre smartphone quand vous êtes avec eux.

*Si vous n’êtes pas capable de vous passer de votre smartphone alors que vous réalisez que ce serait plus rationnel, c’est qu’il est temps de vous sevrer.

 

Pierre Orban

Psychologue Clinicien – Formateur FCPS